Volumes F3D
J’ai orienté mon travail de recherche sur des formes que je nomme F3D, formes en 3 dimensions, choisies il y a 15 ans sur des documents techniques : joints, pièces mécaniques, dessins techniques …
Je les utilise comme moyen, outil pouvant fabriquer, créer, utiliser des espaces dans lesquels elles évoluent : objets, sculptures, peintures, intallations, dessins, vidéo…
La forme est un espace vide que l’esprit peut pénétrer.
La F3D m’a permis de comprendre, d’utiliser ce que de manière inconsciente je désirais. Comme si la F3D allait m’aider à trouver l’intérêt que suscitent ces choses (images, mots, formes, rencontres, oeuvres, histoires, objets …) pour y trouver une logique, un sens.
Cette chimie particulière ne peut se faire que si la forme F3D a été choisie de manière instinctive, sensible (réunion de l’instinct sensible et de l’instinct formel selon Shiller) sans aucune autre raison que de la trouver à son goût, me permettant une liberté totale d’utilisation.
Cette étape est très importante car les formes doivent être vides pour pouvoir les remplir de mon corps, comme si je me libérais de quelque chose.
La F3D m’a permis d’accéder jusqu’à présent à la forme forme, forme objet, forme concept mais aussi la forme informelle.
Alain Doret, 2000-2009
1998 – 2000 ————————————
« Nous naissons avec la sensibilité d’une époque et cela compte plus ce que nous pouvons apprendre. » Henri Matisse
Notre environnement aujourd’hui est médiatisé par un ensemble technologique où le monde naturel et artificiel se confondent.
« Nous ne sommes pas maître de notre production. »
Les F3D nous amènent un doute sur leur provenance formelle et technique. Leur perfection peut interroger.
Le fait de ne pas savoir les dessiner me permet de saisir plus vite que la main ne dessine. Ce qui fait que ma meilleure façon de les imaginer, c’est de les choisir. Elles ont un petit quelque chose indéfinissable qui attire mon attention.
Le temps m’importe.
Je scie, je rabote, ponce, enduis jusqu’à obtenir une surface lisse.
La peinture vient recouvrir la forme, le support n’existe plus, il a disparu, il n’est plus que peinture.
Je pense aussi à la série de dessins photocopiés, agrandis plusieurs fois.
La machine en agrandissant, déforme et irrégularise le contour.
Les dessins qui à la base sont techniques, deviennent par manipulation des dessins faits à la main.
Si je veux qu’elles existent, je dois me faire invisible.
Il s’agit de voir, non pas de posséder l’objet, sinon vous le faites disparaître.
Comme dit Rothko : « Ce n’est plus quelque chose à quoi vous donner des ordres.
Ce qui est important se sont les formes que je choisis et que j’introduis à ma façon dans notre monde.
Alain Doret
Extraits de notes, septembre 2000