Peintures d’histoires
A . Doret a voulu rassembler une partie de sa production sous la rubrique : « Peinture d’histoire(s) » comme genre pictural, histoire chrétienne, portrait, scène de genre, paysage, nature morte… Sans oublier l’arrivée du modernisme avec la peinture abstraite.
Il s’agit aussi de la peinture qui raconte des histoires, chaque peinture est reliée à un contexte, une histoire, un peu comme une maison qui à besoin de fondation avant de procéder à son élévation.
Natalie Rod
1996 ————————————
Burrano – acrylique sur toile 2,00 x 2,50 m
Burrano, c’est le début de l’aventure avec les F3D (voir textes notes d’atelier), des formes choisies sur des documents techniques qui au fil des années allaient constituer un répertoire de formes.
Pour ces trois peintures, A Doret a utilisé 5 formes, mais dans un ordre différent, créant ainsi un ensemble de 120 possibilités où il a sélectionné 3 compositions lui paraissant les plus intéressantes.
En se superposant, les formes laissent apparaître un repentir permettant de deviner les formes cachées.
Le titre vient d’une île tout près de Venise, où les maisons seraient peintes de la même couleur que les embarcations des pêcheurs ? Mais la référence vient surtout d’un propriétaire qui chaque année repeignait sa maison avec des formes géométriques.
Au fil du temps, la peinture s’est mis à craquer laissant apparaître les différentes couches des anciennes compositions.
N. R
2002 ————————————
Boîte noire – peinture glycérophtalique sur papier marouflé sur bois, 32 x 32 cm
Ces petites peintures noires font appel à un espace sans contour, une boîte noire dans laquelle il faut rester un certain moment, pour que l’œil puisse s’habituer à l’obscurité et peut-être apercevoir des formes, ici des F3D de couleur rouge, jaune, bleu et vert ce qui n’est pas sans nous rappeler les Black Paintings de A. Reinhardt.
N.R
2002 ————————————
Radiation – acrylique et papier marouflé sur bois, 36 x 28 cm
C’est en manipulant, que A. D fît la découverte de l’empreinte d’une F3D sur un petit tableau. La peinture avait dû être insolée, l’idée lui plut et décida de recommencer l’expérience. Le lendemain, quand il voulut juger de son travail, il ne put se rendre qu’à l’évidence qu’il n’y avait aucune F3D sur chacune des peintures, il alla chercher le petit tableau sur lequel le miracle avait eu lieu la première fois et là non plus, rien que du vide.
Il se demanda si le fait de travailler quotidiennement avec ses formes, ne l’amenait pas à voir des F3D un peu partout.
Il recommença à nouveau l’expérience en notant le jour et la date et cette fois en photographiant chaque peinture puis, décida de les enfermer dans une boîte.
N.R
2002 ————————————
Apparent – acrylique et peinture phosphorescente, 2,00 x 0,96 m
Ces trois peintures découlent d’une intervention dans l’espace public, précisément à Montpellier, où A. Doret avait proposé de coller des affiches. Le jour laissait apparaître un monochrome et la nuit au moment où une voiture balayait de ses phares l’espace d’affichage, on pouvait apercevoir des F3D flotter dans la ville.
À la suite de cette expérience, il réalisa trois monochromes qu’il allait exposer de façon à ce que le spectateur, après 7 secondes de contemplation, se retrouve dans l’obscurité et découvre dans l’espace d’exposition, des F3D éclairées comme des vers luisant.
N.R
2003 ————————————
Phasme – acrylique sur papier marouflé sur bois
Si vous décidez de partir à la recherche d’un phasme et que vous n’avez jamais vu de phasmes, que l’on ne vous a pas appris à reconnaître l’insecte, vous ne verrez que des feuilles et des brindilles. C’est à dire le décor, le modèle de l’insecte.
L’environnement des phasmes, n°1, ici, la F3D devient un phasme, est celui des formes, c’est à dire notre environnement social et culturel dans lequel elles se nourissent.
Les phasmes sont arrivés dans mon travail quand j’ai commencé à comprendre que les gens à qui je montrais les F3D ne voyaient pas la forme mais, ce à quoi elle pouvait se référer dans l’histoire : pop-art, minimalisme, désign; peut-être parce qu’il s’agit d’une histoire encore proche, d’un monde d’images et d’objets artificiels dans lequel les F3D se confondent et finissent par disparaître, le décor qui les à fait naître.
A . Doret extrait de notes P.44-46, F3D OU LA PETITE HISTOIRE D’UNE GRANDE FORME, 2010
2004 ————————————
Imago – acrylique sur papier marouflé sur bois
L’imago, est une image chargée de valeur affective, arrivée à son complet développement, elle est apte à se reproduire.
Dans certains de mes tableaux appelés Imago, une F3D rencontre l’image figurative. Dans Imago fleurs, le paysage se transforme sous nos yeux, une forme abstraite se confond dans le paysage dans lequel elle évolue, avec une différence, elle n’est pas le paysage. Elle apparaît comme un reflet, mettant en doute notre propre regard sur ce qu’il y a à voir. L’image n’est plus à voir, d’ailleurs on ne peut plus la voir.
Il est important de se rappeler que tout les Imagos sont des paintings by numbers que j’ai choisies et peints sur un châssis toilé.
Pour Imago (chiens et chat, look who’s watching), j’ai d’abord été attiré par le dalmatien car il m’a tout de suite fait penser à Vélazquez dans les Ménines. J’ai alors commencé à inscrire une F3D puis, quand j’ai découvert le titre, « look who’s watching », je me suis aperçu que le chien et le chat regardé un papillon, cette scène ma fait penser à un James Bond ou il voit son assassin dans les yeux de la femme qu’il embrasse, alors une F3D est venu se fondre dans les ailes du papillon et l’image de la F3D s’est reflétée dans les pupilles des animaux.
2005 ————————————
La tart’in, acrylique sur papier marouflé sur bois, 160 x 120 cm.
Alain Doret a été invité à intervenir dans l’espace public, en réponse, une peinture représentant une rue avec des personnages. L’intervention a réellement eu lieu à l’endroit de cette rue où chaque personnage avait un rôle à jouer. Pour fixer ce moment, A. D a choisi la peinture, pour la raison qu’il s’agit d’une action qui se déroule dans deux espaces : celui d’une rue bien réelle à Limoges et celui du tableau. Un entre-deux qui n’est pas sans évoquer l’origine des F3D, comme joints d’étanchéité des fenêtres, la limite entre deux espaces : l’intérieur et l’extérieur, entre le réel et la fiction, entre le fini et l’infini, entre le voir et le pensé … On peut s’apercevoir que le choix de la rue n’est pas un hasard, La Tart’in fait une allusion au procédé pictural, le recouvrement, tartiner une surface. Le panneau, les émaux d’art, pour nous rappeler la pratique artisanale, le savoir-faire.
L’idée de cette construction lui a été inspirée par Henri Met de Bles, peintre néerlandais du XVe siècle qui utilisait un répertoire de personnages, animaux, paysages…, symbolisant chacun un sens particulier. Chaque tableau était construit avec ce répertoire et devait être regardé, lu comme un hiéroglyphe pour en saisir le sens et aussi pour nous amener à découvrir la présence d’un visage. A. D a choisi un élément du répertoire de ce peintre néerlandais, une petite fille guidant un aveugle, seule l’innocence de la jeune enfant peut amener ce vieillard aveugle à découvrir la F3D n° 27, cachée dans un brouhaha de signes et de messages, caché dans ce qui se voit.
N.R
2006 ————————————
Allégorie de la paix, acrylique sur toile, 160 x1 10 cm
Cette peinture de Simon Vouet était comme on dit dans les petits papiers d’A. Doret, jusqu’au moment où la série des imagos est arrivée. C’est à partir de là, qu’il décida de la peindre façon painting by numbers, c’est-à-dire comme un puzzle, découpant chaque élément chromatique, remplissant l’intérieur d’une couleur comme un cahier de coloriages.
Cette façon de faire peut-être considérer comme une manière de ramener cette peinture d’histoire dans notre monde contemporain, sachant qu’il y introduit la F3D n°12, prenant la place d’un objet qui est loin d’être anodin, car il s’agit d’une corne d’abondance. Au-delà du jeu, de retrouver la forme dissimulée dans la peinture, AD nous montre le procédé même de sa démarche, utiliser la F3D comme un véhicule lui permettant de se déplacer dans le temps.
N.R
TFF n°1, acrylique sur toile, 100 x 80 cm
TFF signifie Tableau Fond Forme faisant référence à la gestalt pour la création des contre formes et du jeu optique que l’on peut obtenir par l’assemblage des F3D.
En regardant les TFF, on pense à des papiers peints, papiers peints tableaux, une peinture devenue son propre décor. Il suffit de regarder les TFF, petites boîtes en bois recouvert de motifs créés par le même procédé, sorte d’échantillon pour de futurs recouvrements muraux.
N.R
2007 ————————————
Annonciation au palais royal, triptyque, acrylique sur toile, 130 x 96 cm
Cette peinture fait directement référence au polyptyque de Pérouse, 1470 de Piero Della Francesca. Ce qui intéresse A.D chez Piero c’est qu’il construit ces peintures comme une maison, il fait d’abord un plan puis il passe à l’élévation, le tableau. Pour appuyer cette manière de penser, de peindre, singulière par l’utilisation de l’espace scénique, AD fait une Annonciation au Palais-Royal lieu historique dans notre monde contemporain, touristique où deux jeunes gens semblent rejouer la scène, mais comme dans le polyptyque de Pérouse les deux amants jouent à cache-cache derrière une colonne, référence à la forme (F3D), la forme outil de Daniel Buren. Si vous regardez la disposition au sol des colonnes et si vous connaissez les lieux, vous vous apercevrez qu’ entre Gabrielle et Marie il y a bien une colonne, une mise en scène créée par Piero dans son polyptyque en 1470.
N.R
Gladiolus, acrylique sur toile 1,00 x 0,90 cm
J’ai demandé à A.D comment lui était venue cette peinture, il m’a raconté que s’était en achetant des bulbes de glaïeuls, l’image du paquet lui faisait penser à des coups de pinceaux méticuleusement agencés, et le nom latin à un gladiateur.
N.R
Les Grandes Pensées, acrylique sur toile 1,00 x 0,90 cm
Des fleurs hautement décoratives, mais pas n’importe quelles fleurs, puisqu’il y a des petites pensées et des grandes pensées proposées pour nos jardins dans de multiples couleurs. Ce n’est pas sans humour que A. D joue avec l’image et son titre, référence au surréalisme, bien sûr à Magritte, mais aussi à Dali, Picasso. La mouche était utilisée au XVe siècle, car elle symbolisait savoir-faire et théorie ; par cette petite mouche, que l’on découvre par un second regard, A. D nous montre son intérêt pour l’histoire et comment il en joue pour inquiéter notre regard. On ne peut éviter de souligner que ce petit insecte vert, est répertorié comme mouche à merde, ce qui nous laisse à penser, que cette association n’est pas un hasard et de ce fait nous interroge sur ce que nous voyons.
N.R
2008 ————————————
1,2,3 soleil huile sur toile, 109 x 93 cm
Le titre de cette peinture fait référence à un jeu, pendant qu’un enfant compte jusqu’à 3 et se retourne en prononçant « SOLEIL » tous les enfants s’immobilisent. Le premier qui bouge revient au point de départ, le premier arrivé gagne la partie et prend le rôle du compteur.
Le lien que fait A.D d’un jeu d’enfant avec cette célèbre peinture de Vermeer « la jeune fille au verre de vin » n’est peut-être qu’une manière de nous montrer que la peinture est un jeu, un jeu que l’on invente ou que l’on réinvente suivant certaines règles qui se modifient suivant l’époque, le contexte dans lequel la peinture évolue…
N.R
TFF, F3D N°1, vinylique sur bois, 25 x 25 x 4 cm
TFF signifie Tableau Fond Forme faisant référence à la gestalt pour la création des contre formes et du jeu optique que l’on peut obtenir par l’assemblage des F3D.
En regardant les TFF, on pense à des papiers peints, papiers peints tableaux, une peinture devenue son propre décor. Il suffit de regarder les TFF, petites boîtes en bois recouvert de motifs créés par le même procédé, sorte d’échantillon pour de futurs recouvrements muraux.
N.R
2009 ————————————
AD devant l’une de ses réalisations, huile sur toile, 133,5 x 94,5 cm
Pour cette peinture A. D s’est inspiré d’un document ayant comme sous-titre : Walter Gropius devant l’une de ses réalisations.
Il s’agit d’un autoportrait non sans humour, A.D est devant un tableau qui représente une architecture à connotation phallique plantée dans la terre. On peut aussi, y voir un crâne, surhaussé de couleurs édulcorées comme Savinio aimait les utiliser façon surréaliste.
A.D s’est représenté en seigneur dans son royaume de F3D. Son armure est un moyen de se protéger de ses agresseurs, le pins, à l’échelle d’une assiette, évocateur de Batman, nous fait basculer dans le monde des super héros, un tour de passe-passe par jeu de formes.
Le personnage dont il a pris l’image, n’est autre qu’une peinture (fresque) de Andrea del Castagno, peintre Italien du XVe, une époque dont il aime utiliser certains concepts de représentations.
N.R
2010 ————————————
Autoportrait, 3 gouaches sur papier, 21 x 29,7 cm
Trois autoportraits dont un utilisé pour le tableau A.D devant l’une de ses réalisations, trois petites peintures d’après les fresques de Andrea Del Castagno, à partir desquelles A.D s’illustre en chevalier sur un fond de peinture murale F3D.
Le fait de s’illustrer de cette manière, est une façon de souligner la difficulté que la peinture à de lutter dans ses formes les plus classiques. Le pins en forme d’assiette serait l’élément anachronique qui ramènerait le personnage dans un temps réel, comme pour lui faire jouer un rôle.
Le troisième autoportrait est un moine tenant dans les mains, pointé par le majeur, l’ouvrage : F3D ou la petite histoire d’une grande forme. Le moine représente le savoir et rappel ainsi l’importance de la F3D par l’objet livre, sensé contenir la clef du mystère.
N.R
Bonjour Mr Huber, huile sur toile, 100 x 125 cm
Ce tableau témoigne d’une rencontre qui a eu lieu dans le tableau. Pour qui connaît le travail de ce peintre allemand, qui à ré-ouvert la question du tableau dans les années 80, en utilisant la perspective comme outils à représenter un espace dans l’espace, une sorte de mise en abîme dans le tableau.
C’est une manière de rendre hommage à ce peintre, mais aussi de souligner que le tableau à l’ère du numérique, continue d’interroger le visible par des moyens, des outils faisant appel à moins de technologie, mais dans un but de mettre en place un mécanisme pour voir où comme le disait Diderot : le tableau, une machine à voir.
N.R
Nicolas de Cues, huile sur toile, 44 x 33 cm
Cette petite peinture montre un personnage habillé du costume de K. Malévitch, faisant un signe de la main représentant un cercle. K. Malévitch a fait du carré un concept de pensée plastique et théorique comme D. Buren avec la bande (le rectangle), C. Vialat avec une forme d’éponge, Pierre Mabille une forme de fuseau…
Par ce signe, cette forme : le cercle, Nicolas de Cues théologien du XVe siècle matérialise sa pensée, le fini dans l’infini.
N.R
2010 ————————————
In Out, peinture à l’huile sur toile, 150,5 x 105 cm
2017/19 ————————————
2017/19 ————————————
Études, techniques mixtes 26 X 35 cm.
2018————————————
2021/22 ————————————
Natures mortes, gouaches sur papier 26 X 35 cm.
2020/22 ————————————
2022 ————————————